[Test] Ni No Kuni 2

Préparez-vous à lire, voici mon test de Ni No Kuni 2! Avec en bonus à la fin, une vidéo test avec un texte différent! Bonne lecture, et qui sait, si j'ai réussi à vous convaincre, bon jeu!

Cinq ans après la sortie française de Ni No Kuni : la Vengeance de la Sorcière Céleste, qui avait régalé nos yeux et fait chavirer nos cœurs, Level-5 revient avec une suite, sans le soutien du studio Ghibli cette fois-ci. On aurait pu craindre le pire, croire que la magie s'était envolée. C'était sans compter le talent des développeurs de Level-5 !

L'histoire commence par l'arrivée de Roland, habitant de notre monde, dans celui d'Evan, jeune prince qui se prépare à monter sur le trône suite au décès de son père. Totalement perdu face à une situation qu'il ne comprend pas, l'homme décide d'aider le jeune garçon alors qu'un coup d'état à son encontre se prépare. Ils arrivent à fuir non sans difficulté, et suite à une promesse, le jeune Evan prend alors la décision de fonder un royaume aux millions de sourires. Une résolution naïve certes, mais qui marque le début d'une grande aventure. On ne va pas se mentir, Ni No Kuni II ressemble à un jeu pour enfants, et d'une certaine manière, il leur est aussi destiné. Cependant, considérer uniquement le titre au travers de ce prisme réducteur pourrait vous empêcher de vivre une expérience bien plus riche et profonde qu'elle ne peut le paraître aux premiers abords.

Cet aspect enfantin vient de sa direction artistique, qui n'est plus supervisée par Ghibli, mais qui s'en inspire grandement. Il faut dire que des anciens du studio d'animation sont venus épaulés le projet. Ni No Kuni 2 ressemble réellement à un dessin animé, ce qui est presque un comble quand on sait que ce deuxième épisode ne comporte plus de séquences animées. C'est dommage, tant celles du premier opus avaient réussi à nous transporter, et même à nous émouvoir pour certaines, mais la qualité graphique du titre est tellement incroyable, que jamais on ne se surprend à regretter ces cinématiques en animation. Au final, les transitions entre phases de jeu et cinématiques ne se voient plus, pour une immersion plus grande encore. Immersion qui passe principalement par l'ambiance. On ne le dira jamais assez, le titre est sublime, absolument magnifique. La direction artistique fait mouche, les lieux visités possèdent chacun leur charme, et on reste parfois à certains endroits sans bouger, uniquement pour admirer le paysage. Avec les compositions de Joe Hisaichi dans nos oreilles, la sensation de voyage est bien présente, même si ces dernières sont moins inspirées que celles du premier.

Malheureusement, l'immersion et le dépaysement sont parfois mis à mal par différents aspects que Ni No Kuni 2 aurait pu nous épargner. L'univers du jeu, aussi incroyable soit-il, manque cruellement de variété. Il n'y a que quatre grandes villes, et la plupart des donjons annexes à explorer se ressemblent, ternes et peu enthousiasmants. Idem pour la carte du monde, qui aborde un style chibi pas forcément moche, mais en trop gros décalage avec le reste du jeu. Le plus gros point faible vient surtout des personnages. En dehors d'Evan et Roland, tous deux très bien développés et attachants, le reste du casting, sans être insipide, loin de là, ne se démarque jamais réellement. On est plus proche d'archétypes que de réels personnages secondaires. Bien entendu, le scénario s'articule autour d'Evan et de sa relation avec Roland, mais il est dommage de constater que les développeurs n'aient pas fait plus d'effort sur leur entourage.

Heureusement, Ni No Kuni 2 rattrape pleinement ses quelques égarements grâce à son gameplay. Si les combats et le rythme général étaient les points faibles du premier épisode, cette suite nous comble de ce point de vue, tant dans l'efficacité que dans les nouveautés. Adieu le système de combat au semi tour par tour un poil mou, place à des affrontements en temps réel en arène. L'ensemble est extrêmement dynamique, parfois confus tant les effets virevoltent sur le terrain, mais diablement jouissif. On alterne entre un coup fort et lent, un coup rapide mais plus faible, et des coups spéciaux que l'on attribue à une touche dans l'inventaire, sans oublier d'esquiver les attaques ennemis. Pour être franc, ce n'est pas si grave de se pendre un coup, tant la difficulté est basse. Seuls quelques ennemis annexes de haut niveau pourront éventuellement vous opposer une quelconque résistance, mais l'aventure se parcourt le plus souvent comme une promenade de santé. Et ce n'est pas la présence des mousses sur le terrain qui viendra contredire ce fait. Ces petits êtres, une fois choisis dans l'inventaire, nous accompagnent sur le terrain, et nous octroient des bonus durant les combats. Il faut toutefois les activer en appuyant sur X au bon moment dans une certaine zone. Attaques à l'encontre d'un ennemi, dégâts de zone, ou récupération de points de vie, ces bonus facilitent encore plus le jeu, mais permettent de donner un peu plus de stratégie aux affrontements. Une fois vaincus, les ennemis laissent derrière eux des objets que l'on peut looter. Peut-être trop. A tel point que l'on hésite souvent à acheter de nouveaux équipements, tant ceux que l'on récupère sont puissants.

En plus de cet aspect assez classique d'un jeu de rôle, Ni No Kuni 2 se pare de modes de jeu que l'on voit rarement dans le genre. En effet, Evan, chassé de son trône, doit créer un nouveau royaume. Il va donc falloir gérer ce royaume, en construisant et développant des bâtiments, en agrandissant son terrain, mais surtout en recrutant diverses personnes à travers le monde. Le mode gestion est assez classique et simplifié, mais il n'en demeure pas moins très efficace. On se surprend parfois à y rester plus que de raison, au détriment de l'aventure pure et dure. Il faut dire que cette partie du jeu ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe, puisqu'elle est finalement en totale adéquation avec ce que le jeu nous raconte. On regrette que les phases de recrutements soient toutes un peu similaires, et donc potentiellement redondantes. On trouve un personnage, on l'aide via une quête annexe, qui consiste le plus souvent à récupérer un objet ou tuer un certain nombre de monstres, puis il accepte de nous rejoindre. Certes, on ne cherche pas forcément une grande originalité en jouant à Ni No Kuni 2, mais on aurait aimé ne pas être confronté à ces mécaniques d'un autre âge.

L'autre aspect qui se démarque un peu, ce sont les batailles. Durant ces conflits qui se veulent stratégiques, il faut sélectionner quatre troupes parmi celles que l'on possède, et partir pour un affrontement sur une carte spécifique. Si l'on note la présence d'une trilogie d'arme avec leur force et faiblesse comme dans Fire Emblem, de coups spéciaux qui varient selon la troupe, et de jauges à bien prendre en compte si l'on ne veut pas perdre bêtement, l'ensemble demeure malgré tout plus brouillon que tactique. On fonce dans le tas en surveillant ses équipiers, on vérifie l'étendu des dégâts, et on recommence. Il y a bien un sentiment de puissance qui peut se dégager de ces batailles, mais dans la plupart des cas on essaye de terminer ça le plus vite possible afin de passer à autre chose.

Ni No Kuni 2 tente de s'aventurer vers des domaines qu'il ne maîtrise pas forcément très bien, mais il propose au moins un gameplay qui se veut original, bien que finalement très ancré dans trois décennies de J-RPG qui ont forgé le jeu vidéo. On regrette que certaines mécaniques de jeu, bien pensées, ne servent jamais tant le jeu est facile. Pourquoi améliorer son équipements ou ses mousses, puisque les ennemis sont faciles à vaincre ? L'égaliseur aussi est une très bonne idée, mais on l'utilisera une fois pour essayer, et on l'oubliera bien vite, tant son utilité se fait peu ressentir. Il y a aussi des éléments pas forcément très utiles mais qui fonctionnent. Comme le Mécabook, réseau social du jeu, dans lequel on observe simplement les posts et les commentaires des autres. C'est tout bête, mais cela prête souvent à sourire, et donne parfois des indices utiles pour trouver des trésors ou recruter de nouvelles personnes pour son royaume.

Que retenir de Ni No Kuni 2 ? Qu'il est bien trop facile, au point de rendre caducs certaines de ses mécaniques pourtant intéressantes. Qu'il est absolument magnifique. Il s'agit du plus beau jeu réalisé en cell-shading à ce jour. Rarement l'impression d'être devant un dessin animé interactif ne s'était autant faite ressentir auparavant. Qu'il propose différents types de gameplay, au risque de ne pas toujours bien les concevoir. Mais ce que l'on retient surtout après avoir fini Ni No Kuni 2, c'est le sentiment d'avoir vécu une grande aventure, naïve, mais tellement sincère qu''elle émerveille réellement. C'est la sensation grisante d'avoir joué à un jeu qui malgré un manque d'originalité flagrant, n'est comparable à aucun autre. Si pris à parts les différents éléments de Ni No Kuni 2 peuvent parfois paraître bancales, réunis, ils forment un tout cohérent. Un tout grandiose. Pas le meilleur J-RPG existant, mais assurément un grand jeu.

Super test ! Vraiment, c'est agréable à lire et très pro en effet :)

J'émets juste une remarque concernant deux points sur lesquels je ne suis pas tout à fait d'accord : les deux derniers point +

Oliver était super intéressant dans le premier opus, mais je trouve Evan tellement niais et insupportable. idem pour Roland, il avait un potentiel réel gâché par son évolution, quoique le final rattrape un peu ça.

Et la bande-son, elle est certes sublime et je suis fan de Joe Hisaishi, mais en jouant... on entend quand même TRÈS souvent le thème principal dans diverses itérations (j'avais fini par couper le son lors des phases d'exploration etc)
Mention spécial aux thèmes des villes, sublime, notamment Celacan et son hommage à Georges Bizet

je vais voir la vidéo au passage ! Au plaisir de lire d'autres tests